L'ÉQUITATION FRANÇAISE est un terme générique. Tant que l'équitation n'avait que l'aspect académique de la Grande Écurie, l'équitation française était sans ambiguïté. Du jour où l'équitation militaire s'est dissociée de l'équitation académique avec Drummond de Melfort, d'Auvergne, Boisdeffre, Bohan, Ducroc de Chabannes, l'équitation française a présenté deux aspects aussi distincts que diamétralement opposés. Aujourd'hui, ses aspects se sont multipliés. Ils sont nombreux et aussi variés que les disciplines qui la diversifient. C'est la raison pour laquelle l'équitation française est l'ensemble des équitations pratiquées en France, au même titre que la production automobile française regroupe un certain nombre de constructeurs. On recense le dressage, le complet, le saut d'obstacles, le hunter, le horseball, la voltige, les amazones, l'endurance, etc., etc. Bref, c'est la réunion des sensibilités équestres référencées sur le territoire. Soit autant d'équitations que de formes d'expression différenciées, une diversité irréductible. Contrairement à ce que soutiennent un certain nombre d'annonceurs, personne ne pratique l'équitation française pour la bonne raison qu'elle n'est pas une discipline équestre et qu'aucune doctrine ne s'y rapporte qui n'appartienne déjà à une autre discipline, à tel titre qu'une nouvelle équitation française qui se contenterait de récupérer des thèmes existants serait un leurre. Aucune discipline à elle seule n'est représentative de l'ensemble de l'équitation française. On connaît la manière française, en d'autres termes, le style français. Cependant, mettre les formes ne suffit pas pour convertir une équitation lambda en haute école, loin s'en faut ! Confondre la manière française avec l'équitation française est une nouvelle supercherie, un piège à gogo à l'adresse des cavaliers chloroformés par le système. Curieusement, l'École française ne fait pas partie de la liste des équitations officiellement référencées alors qu'elle est une spécificité d'excellence française à part entière qui remonte au XVIe siècle et trouve son apogée avec François Baucher au XIXe siècle. L'absence remarquée de la haute école dans la liste précédente est accablante pour l'équitation française actuelle, dans le déni de l'équitation artistique raisonnée. Elle illustre la discrimination dont le bauchérisme fait l'objet et l'hostilité des institutions qui conduit à rayer de la carte l'École française et, avec elle, la haute école que rien ne permet de confondre avec le sport, deux mondes que tout oppose quand les résultats désastreux aux Jeux Olympiques parlent d'eux-mêmes depuis 1932 et vérifient tous les quatre ans l'infériorité du Dressage français et l'urgence pour le pays de savoir que le cheval renvoie à autre chose que le sport. La démonstration de cet antagonisme que nul ne peut contester fait l'objet de l'Histoire de l'École française d'équitation pour laquelle la haute école est la branche artistique de l'équitation où la créativité, la sensibilité et la culture française trouvent leur plus haut degré d'expression. (Dominique OLLIVIER, Histoire de l'École française d'équitation, tome 1, éditions Edhippos, Paris, 2009, p.21)

La France n'a rayonné sur le monde que parce que l'École française est un art et une science appartenant au domaine de l'intelligence, du raisonnement et de la créativité. Elle a sombré du jour où elle a eu l'intelligente idée de cloner les autres.
De l'avantage qu'il y a à donner les règles du jeu plutôt qu'à les subir, une subordination que sa compréhension de la mondialisation lui fait payer comptant et une leçon que les futures générations s'aviseront de retenir.

 
RETOUR